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Séisme - Pour la reconstruction, se concentrer sur le «périmètre d’urgence» Par Hassan EL ARIF | Ed



Le séisme historique qui a frappé le Maroc dans la nuit du vendredi 8 septembre n’est pas le premier à avoir causé autant de dégâts sur le bâti. Agadir et plus tard Al Hoceïma ont connu des tremblements de terre plus dévastateurs sur les constructions et les vies humaines.


Les dégâts causés par le séisme du vendredi 8 septembre remettent sur la table au moins deux questions: le degré d’actualité des connaissances géologiques des différentes régions du Royaume, et l’obligation d’appliquer des normes antisismiques à l’échelle nationale (Ph. Bziouat)

Mais cette fois-ci, la différence est qu’il a touché des milliers de villages dans des zones rurales, éparpillées, difficiles d’accès, parfois accessibles uniquement à dos de mulets ou d’ânes. C’est ce qui constitue la difficulté pour d’abord évaluer rapidement les dégâts, et ensuite envisager un plan d’action. Le Mouvement des ingénieurs s’est mobilisé pour contribuer à la reconstruction.


«Reconstruire ou déplacer, ce sera du cas par cas. Il y a des villages qui ont été complètement sinistrés. Il y en a d’autres qu’il faudra replacer parce qu’il est question d’environ 6.205 douars sur un périmètre d’une centaine de kilomètres autour de l’épicentre. A signaler par ailleurs que tous ces douars situés dans les régions d’Al Haouz et Taroudant ne sont pas homogènes en termes d’habitants. Il faut compter parfois 200 personnes, parfois une dizaine ou une quinzaine de foyers», explique Khalil Morad El Ghilali, architecte coordonnateur national du comité technique.


En plus de leurs disparités en termes de nombre d’habitants, les douars (les ingénieurs ne raisonnent pas à ce niveau en termes de zones mais de douars) impactés par le séisme se démarquent par leur niveau d’éloignement qui peut être d’une dizaine de kilomètres et peut aller au-delà. Ce qui ne manquerait pas de compliquer les interventions.

«En tout cas, les 6.205 douars identifiés constitueront en quelque sorte le périmètre d’urgence, le plus sinistré, sur lequel devront se concentrer les efforts de reconstruction. Le chiffre n’est pas figé dans le marbre et peut augmenter au fur et à mesure, car il y a beaucoup de douars enclavés et «cela monte jusqu’au Tobkal, Taroudant et jusqu’à Errachidia. Donc c’est un périmètre assez large», confie l’architecte.


Le ministère de l’Intérieur dispose des vraies statistiques, mais l’une des manières pour constater l’ampleur des dégâts consistera à se rendre sur place. Selon le Mouvement des ingénieurs, ce n’est pas la priorité. «Il faut attendre que toutes les évacuations se fassent au cours des trois ou quatre prochains jours pour pouvoir obtenir des statistiques exactes».


Dans une première phase, «nous recommandons de faire appel aux services des ingénieurs-topographes qui sont équipés d’outils logistiques développés, tels que des scanners 3D et des drones, et qui pourront rapidement dresser l’état des lieux, avec le maximum de détails», préconise l’architecte. Un appel à manifestation d’intérêt a déjà été lancé pour mettre à contribution les topographes en étroite collaboration avec les pouvoirs publics. La deuxième étape consisterait à établir une stratégie d’intervention, avec un plan-type, en utilisant les savoir-faire locaux, avec les financements disponibles, et travailler sur des cellules évolutives.


L’objectif étant de préserver au maximum les caractéristiques locales de chaque région. Une chose est sûre: L’application des normes antisismiques devrait être obligatoire dans tous les sites concernés. «Il faudra désormais généraliser le règlement parasismique à tout le territoire national», insiste le coordonnateur national. Jusqu’à présent, la région d’Al Haouz n’était pas considérée comme une zone à risque sismique, risquant à tout le moins des séismes de magnitude moyenne, contrairement à Agadir ou Al Hoceima. Le tremblement de terre actuel a démenti cette classification (Cf. L’Economiste n°6595 du 11/09/2023).


La troisième étape sera d’imaginer des modèles ou des douars types. «L’idée serait de disposer d’une zone où l’on pourrait montrer les possibilités de ce que nous sommes en train de faire. Il y aurait certainement d’autres organismes qui pourraient se greffer sur la même stratégie, mais l’objet final serait d’accompagner les initiatives au moins de manière technique jusqu’à l’aboutissement de la stratégie de reconstruction», explique le Mouvement des ingénieurs. L’objectif sera également de contribuer à opérer des levées de fonds pour pouvoir financer ce véritable plan Marshall.


Quelles caractéristiques sismiques?


Pour le Mouvement des ingénieurs, qui propose ses services à titre bénévole, l’idée est de ne pas intervenir au niveau de «l’habitat de l’urgence, mais de contribuer à la reconstruction selon une démarche qui répond le mieux aux caractéristiques sismiques des régions sinistrées. Beaucoup de gens font l’amalgame autour des matériaux de construction, soit le pisé et le bois. Quand les choses sont faites dans les règles de l’art, notamment en respectant le règlement parasismique, il n’y a pas de problème», affirme Khalil Morad El Ghilali, coordonnateur national de l’organisation.

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